Que dire ? Je déteste les traductions et déteste les couvertures composées avec les faces des personnes et à peine découvert, je l’ai voulu.
« — Mais.. quel est son pouvoir ?
— L’arrogance suprême. »
J’aimerais l’idée d’anti-héros. Seulement, de anti-héros. Je vous raconte en bref : c’est l’histoire de Victor et Eliot, colocataires. Passionnés de médecine, ils tentent une expérience sur les EO (ExtraOrdinnaire) anfin d’en devenir un, eux-même.
Pause.
« Et, délibérément, il remua le couteau dans la plaie. Sous les paupières closes d’Eli, la souffrance explosa en une myriade de lueurs bigarrées. Avec un gémissement de douleur, il commença à glisser le long du mur, mais son agresseur le força à se redresser en tirant vers le haut le manche de l’arme. »
Victor plante une lame jusqu’à la garde dans l’estomac d’Eli, Eli tire trois coups dans la poitrine de Victor. Vous voyez le tableau ?
J’ai adoré le début du roman, rythmé et humain. On nous propose des allers-retours entre la vie universitaire des garçons et dix ans plus tard. Le background de chaque personnage est détaillé mais un peu cliché, niania les parents absents ou méchants, okay. J’aurais apprécié plus de finesse de la part de l’auteur qui sait pourtant manier les dialogues et les descriptions utiles. Les relations sont si fortes au début que, quand elles se délitent petit à petit, j’ai été sincèrement embarquée dans l’histoire. J’ai lu beaucoup de chroniques qui annonçait le livre comme deux gars qui se détestent et voilà.
" Eli releva les yeux.
— Tu ne respirais plus. Tu as presque fait un arrêt cardiaque.
— Presque… Tout le problème est là.
— Je suis désolé, avoua le jeune homme en se frottant les paupières. Je n’ai pas pu.. "
Pourtant les marques de délicatesse et d’amour sont démultipliées sur le premier tiers du roman avant de s’appauvrir et puis, on n’est plus dans l’adolescence on arrive dans l’âge adulte, tout semble plus compliqué et calculé.
« — Qu’est-ce que tu as en magasin ? répéta-t-il.
— Non, Victor. »
« Il se redressa brusquement, pris de nausées, mais des mains le forcèrent à sa rallonger, avant de l’immobiliser sur le lit.
— Certainement pas, marmonna Eli, qui ne consentit à le relâcher que lorsqu’il se détendit, le regard fixé sur les dalles du plafond. Rappelle-toi ce qu’on a dit… »
J’en ai lu d’autres qui disaient que Eli avait tout calculé, mais est-on déjà la personne que l’on sera dix ans plus tard ?
Pour ma part, je ne pense pas.
« Voilà pourquoi je t’ai accepté comme colocataire, à l’époque, avoua Victor. Et pourquoi je t’aimais bien. Tout ce charme à l’extérieur pour tant de mal à l’intérieur. »
Je ne pense pas non plus que Victor, qui se targue être le plus gentil des méchants, n’aie pas sa part dans ce qu’est devenu Eli.
« Victor, qui ne savait quoi répondre, se contenta du mot le plus inutile et dérisoire du monde :
— Désolé. »
Je ne pense pas que quelqu’un puisse guérir à l’infini sans garder des stigmates de la douleur à répétition. Pourtant ça amuse Victor, pourquoi ?
« Comme son colocataire ne bougeait toujours pas, il ajouta, le regard glacial :
— Je n’ai rien d’autre sur moi. (L’ombre d’un sourire erra sur ses lèvres.) Tu n’as qu’à me fouiller, si tu veux.
Eli réprima un grognement vaguement amusé »
Bon, okay, les deux personnes principaux m’ont été chers et précieux et si je lis la suite, ce ne sera que pour les retrouver eux - comme d’habitude je peux voir l’effort de sortir des clichés, mais bon - et sincèrement, j’ai été transportée hors de ma propre vie.
C’est tout ce qui compte.
« Le salon de la suite n’était plus que souffrance, fracas et chaos.
Victor repris conscience, encore tout hébété, égaré à mi-chemin entre le laboratoire universitaire et la chambre d’hôtel. […]
— Arrête-moi ça ! gronda-t-il.
Enfin complètement réveillé, Victor ferma brièvement les yeux : le grésillement mourut sur-le-champ. »
Bien sûr y’a une bonne réflection de héros ou pas, globalement on essaie de se sauver soi-même ou d’enterrer les autres (au sens propre du terme, mh) mais j’ai adoré la délicatesse de l’écriture même si il reste tout de même quelques longueurs.
Le plan de Victor est archi stylé, ceci-dit.
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