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Gaelleis

Réparer les vivants


Je n’ai pas acheté Réparer les vivants, c’est un cadeau, mais à peine je l’ai eu en main que j’ai su qu’il y aurait à l’intérieur quelque chose de précieux. Un indice dans le titre ou dans la première page peut être ; un coeur, un électrocardiogramme, des litres de sangs mêlés à des jolies métaphores de sentiments et de souvenirs. Manifeste du reste du roman. C’est fin et ça raconte la vérité sans s’étaler, ça serre le coeur et ça mouille les yeux. J’ai trouvé intelligent de diviser les points de vue et les situations mais les personnages ne m’étaient pas tous attachants. Les réalités de l’hôpital semblaient appartenir à une autre histoire - alors que non, bien sûr que non, pas du tout - mais moi, j’étais accrochée à un seul ensemble. Simon, Lou. Simon, Juliette. Simon, Marianne.

Réparer les Vivants m’a plu et m’est resté quelques temps, malgré la fluidité des mots il y reste quelques accrocs, des allers-retours dans le passé des gens qui ralentissent la progression et m’ont impatientée. Les phrases se prêtent à la fluidité pourtant, étirées mais suspendues de virgules. J’ai apprécié ce style qui nous fait courir le long des pages - on veut la suite, la suite, la suite, la suite et ce, jusqu’au point final. Mais il ne me reste peu de choses, finalement, de Martha, de Reminge, de Révol, de Cordélia, de Claire, et si peut être pour d’autres ils étaient nécessaires, ils étaient juste là, pour moi, comme une attente entre les pages pour rejoindre les autres.


Je n’ai pas osé vous le donner, mais il y a un passage tout précis que j’ai dû relire plusieurs fois pour réussir à l’intégrer en entier, Lou qui traverse la maison, « j’ai fait un dessin pour Simon » et celui là, tout celui là précisément il est à la page 208, mots soulignée, page cornée, et à chaque fois il me casse en deux. Et c’est pour ce genre de passage que je lis.


Pour cet exact moment d’émotion pure et brutale, quand les mots prennent un sens inattendu et qu’on se retrouve là, emporté et bien loin de nous-même.


« ce corps intact, à ce corps qui ne saigne pas, calmement athlétique, qui ressemble à celui d’un jeune dieu au repos, qui a l’air de dormir, qui à l’air de vivre »


« c’est un coeur de nageur en haute mer, un coeur de sportif dont la fréquence peut descendre au repos sous les quarante battements par minute, bradycardie des extraterrestres, mais à peine Juliette a-t-elle passé le tourniquet de la sortie que tout accélère de nouveau, une vague, un emballement, mains dans les poches et tête rentrée dans les épaules, il se dirige droit sur elle, qui sourit »


« Nuit polaire, il semble que le ciel opaque se dissolve, la couche de nuages se déchirant, laineuse, la Grande Ourse apparait (..) le visage de Simon se forme devant ses yeux, intact, unique. Il est irréductible, c’est lui. Elle ressent un calme profond. La nuit brûle au-dehors comme un désert de gypse. »

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