Il s'est passé quelque chose de vraiment chouette en avril : j'ai rencontré Thomas Spok et David Meulemans. Le premier est l'auteur d'Uter Pandragon et le second, l'éditeur. La maison, c'est les Forges de Vulcain.
Je connaissais mal (genre vraiment mal) dans quoi je m'embarquais, mais j'avais l'opportunité de me ramener sur Paris, Thomas a dit oui, David a dit oui.
SIX HEURES PLUS TARD, je reprends le train. Je suis vraiment au top de moi parce que même si beaucoup d'informations ne sont pas exploitables, ça reste une percée dans un milieu qui m'est encore étranger (l'édition) alors que pourtant je m'y destine.
Donc voilà l'itw.
J'vous mets pas les questions, parce que j'ai VRAIMENT DES PROGRES A FAIRE, autant sur la formulation, que sur la clarté de mes propos. Mais c'était la première fois, et j'ai encore beaucoup à apprendre.
Notamment, ne pas faire de faute d'orthographe sur l'auteur quand on poste sur insta.
Ahem.
Génèse de l’oeuvre
D : L’impression que j’ai, c’est que Thomas avait déjà une double carrière littéraire, à la fois fois de poète publié — deux recueils dans une maison lyonnaise — et parallèlement de novelliste en genre. Non ? T’avais envisagé d’aller vers un roman plutôt qu’une nouvelle et que t’avais un peu buté sur la création de monde. Le fait de te tourner vers le mythe arthurien c’était une façon en temps qu’auteur de lier un tout. Souvent, grandir en temps qu’auteur c’est partir de tous les côtés et se resserrer vers quelque chose qui fait du sens. Et le mythe liait les trois Spok : enseignant, poète et écrivain, dans un projet où on arrivait avec l’oeil de la fantasy sur une littérature très aboutie.
T : Si on remonte à le genèse stricte du livre ça remonte à des années, y’a un décalage tel entre le début où j’ai commencé à y réfléchir, le moment où j’ai commencé à écrire et le moment où on en parle maintenant, il se passe tellement de temps… Le moment déclencheur fondateur c’est quand je relis par hasard Merlin de Robert de Beaumont. C’était vers 2015. Le rapport à l’arthurien en lui-même est très ancien. J’atteignais une réflexion limite sur la création d’univers, je m’étais finalement dit que toute création d’univers n’est qu’une répétition d’un univers fondateur que tout le monde a. On retrouve finalement le roi arthur dans GoT… On revient toujours à des textes ou des mythes fondateurs à partir desquels chacun a proposé une variante. Et quand j’ai réfléchi aux fondements je me suis demandé pourquoi on s’embêtait à refaire des univers alors que le mythe fondateur était toujours aussi fort. Il y un vrai poids du mythe. Tout n’est que variation.
Rencontre Auteur-Éditeur et écriture.
D : La plupart des auteurs des forges, je les rencontre bien bien bien avant. On ne se rencontre pas directement autour d’un texte, j’ai besoin avant ça d’une confiance mutuelle pour pouvoir travailler avec quelqu’un. On s’est rencontré autour d’un ami commun. Après, pour le texte, il a tout fait dans son coin.
T : Avec un ami Nicolas on avait écrit un recueil de nouvelles de fantasy avec un monde inventé. On avait abordé ça de manière très classique en termes de ce qui représente la fantasy pour nous. Et on l’a envoyé à beaucoup d’éditeurs et personne n’en a voulu. Alors que la SF fantastique passait. Quand j’ai eu les refus sur ces nouvelles, j’me suis dit soit je n’arrive pas à écrire de la fantasy en tant que telle, soit j’ai un problème dans la forme de la nouvelle, soit j’ai un rapport trop décalé par rapport à la fantasy éditoriale. Je vais essayer d’écrire quelque chose dans mon coin, sans m’intéresser à ce qu’est le genre. Puis j’ai envoyé le roman à David.
D : Et oui, pas de soucis, j’me suis directement dit que c’était bon et c’est parti. On s’était fixé une date de publication un peu proche mais ça s’est fait comme ça s’est fait.
G : Et t’as mis combien de temps à l’écrire ?
T : Deux ans, deux ans et demi mais je ne l’ai pas écris d’un seul tenant, régulièrement j’y revenais. Et c’est vrai que de ce point de vue là, un des aspects particulier de mon travail — même si j’ai différentes approches — c’est que j’ai un mythe préexistant. J’ai un horizon d’aboutissement en terme de narration qui est beaucoup plus contraint qu’un auteur qui part de son idée originale. On sait que Arthur va devenir roi, c’est un avenir dont j’ai conscience. Mais comment on y parvient, par quel biais, comment est-ce qu’il devient roi, est-ce qu’on reconstruit ou pas l’idée de roi… C’est le genre de question que je suis obligé de me poser. Merlin aussi, quel magicien j’en fais, est-ce qu’il est vraiment prophète ?…
G : Mais d’ailleurs justement, pourquoi choisir ce personnage en particulier ? Pourquoi Uter ?
T : La source c’est Boron (Robert de) qui propose Uter sous la forme de deux personnages et c’est le seul à le faire. Jusqu’à présent c’est un seul personnage ou alors Pandragon est un surnom ajouté/un nom de guerre. Je découvre le dualisme Uter et Pandragon dans Boron et ça part de là.
Sinon, y’a plusieurs aspects, c’est déjà une partie beaucoup moins connue du lectorat, ça permet de construire sur le long terme, de partir d’une base que j’ai créé moi même pour me projeter plus tard sur le cycle Arthurien. Même s’il y a un horizon d’attente mythique, c’est un livre où le lecteur sait qu’il est dans le mythe Arthurien, c’est moins revu que le roi Arthur sans pour autant avoir besoin d’introduire les noms du mythe.
Pour l’orthographe d’Uter Pandragon (et non pas Uther, Utter, ou Pendragon), c’est plusieurs petits facteurs mais essentiellement par le biais des sources françaises. J’suis plus souvent tombé sur ces orthographes, notamment avec Apollinaire (l’enchanteur pourrissant). Je voulais une francisation du mot.
Méthode de travail
T : Je laisse plutôt macérer l’idée dans ma tête avant de l’écrire. J’ai une façon de faire un peu spéciale, je fais un premier jet que je ne retouche pas. Du coup, c’est très lent. Quand je fais une page, je ne veux plus y retoucher.
D : Il écrit tout à la main, il ne tape rien.
G : .........pourquoi ? (voix aigüe de personne étonnée)
T : Parce que j’ai besoin de ce geste là pour écrire, taper pour moi est associé au travail, écrire dans un carnet c’est une façon très différente de faire, tu le vis dans ton corps c’est une expérience très vague à expliquer. Y’a une espèce de liberté que j’ai pas sur word. T’as des pages enchaînées et tu tapes dans le cadre proposé. Dans le carnet je peux écrire dans tous les sens, j’vais casser le texte, le déformer, dessiner, et c’est une liberté que t’as pas sur le support préexistant.
G : Justement je trouve que l’avantage du support préexistant c’est que tout est formaté, la notion d’esthétique existe pas vraiment, tout est régulier et similaire.
T : Et pour toi c’est un avantage ?
G : Ouais de ouf. (... *journaliste pro*) Dans le sens où quand t’es sur carnet et que ça devient brouillon et laid, plutôt moche, je trouve ça difficile d’y retoucher et de faire quelque chose de fini et esthétique.
T : Ouais mais justement toi tu parles de brouillon.
D : Oui alors que chez Thomas c’est calligraphié, presque.
T : Justement je fais un choix de support en fonction de ce que je vais écrire. Je vais changer de carnet ou passer sur feuille blanche et volante quand j’ai besoin d’espace. Pour moi ça joue énormément, ça a une influence immense. Ça vient aussi de mon rapport à la poésie à l’origine. Pour le vers, t’as besoin de beaucoup moins de place, t’as pas la nécessité d’une page word que je trouve très ridicule, ce qui est différent pour le roman.
D : Justement sur word, comme ce que tu écris ressemble à ce qui sera lu en terme de visuel, tu vas avoir tendance à exercer deux facultés en même temps, improvisation/créativité et critique. Et ça impacte le côté créatif. On n’a besoin d’avoir une phase libre puis une phase de contrôle. Et ça vient d’un fait très physique, les deux phases qui actionnent ces zones différentes du cerveau sont dures à actionner en même temps — même si avec de l’entrainement on peut très bien y arriver. Et je pense qu’avoir une phase papier puis une phase reprise, c’est intéressant. Word a effacé la notion de brouillon ou de gamme.
G : Finalement écrire à la main, pour toi, ça va avec le facteur phrase parfaite. Puisque tu prends le temps de trouver exactement ce que tu veux avant de l’écrire, y’a pas de problème de lenteur. Alors que quand tu lâches juste tes premiers jets un peu viscéraux, parfois ça peut aller trop vite pour une écriture manuscrite.
T : Justement, j’essaie de faire un premier jet parfait mais quand j’y arrive pas, je barre ou je rature alors que sur Word, tu supprimes.
G : Moui enfin ça dépend comment tu fonctionnes...
T : Oui tu peux faire l’effort de barrer.
D : C’est vrai que tu peux barrer sur word, mais la plupart des gens le font pas.
T : Le fait de barrer, même si c’est très radical — parce que je fais disparaître le texte — y’a la présence d’une cicatrice, d’une rature, d’un moment où ça s’est mal passé..
Présence dans des événements et projets futurs
D : ON VA AUX IMAGINALES POUR LA PREMIERE FOIS !
Bon, les itw étaient disponibles sur insta avant les imaginales, pour essayer de faire un peu de promo. Le blog a pris du retard, je sais, je sais.
:)
Journalistiquement, ça m'a appris qu'on s'en foutait un peu de mes questions, au final, parce que j'ai pas de but promotionnel intense. Je préfère largement la contre soirée la cuisine. J'ai conscience d'avoir la chance de connaître un peu des gens, maintenant, dans le milieu, et donc de pouvoir poser des questions aux gens que j'aime bien.
C'est tout.
Bref, rencontrer des gens c'est toujours cool. Allez sur le stand des forges en salon, c'est des gentils et des intéressants.
J'ai plusieurs projets autour de cette maison d'édition à venir. Vous avez beaucoup réagit en privée sur les itw, du coup, restez dans le coin pour la suite.
Commentaires